Conte basque

 La femme paresseuse et les puces

Et donc voilà maintenant bien longtemps, sur les hauteurs de Hergaray, il y avait, paraît-il, une fontaine excellente qu'on appelait Ur-onttoa (La bonne petite eau). Tout près d'Ur-onttoa, vivant presque à Ur-onttoa, il y avait une femme paresseuse, mais paresseuse ! Enfin une paresseuse fieffée ! Jamais elle ne faisait quoi que ce fût, comme si elle vivait de la bonne petite eau, hurrup (absorbant cette eau) et eta klik (l'avalant).

Le bon Dieu finit par être excédé de la voir paresseuse ainsi comme un loir, et pour obliger l'odieuse femme à s'occuper enfin à quelque chose, il créa... les deux premières puces. Et en un rien de temps, il en naquit d'autres, innombrables.

Dès lors la femme eut du travail, tout au moins, à faire la chasse aux puces.

Par malheur elle ne les tua pas toutes – elle était si paresseuse ! - et les puces ayant sauté sur tous les hommes et sur toutes les femmes qui passèrent près d'Ur-onttoa, il y en a maintenant partout, il y en par myriades.

Jean Barbier, Légendes Basques, Elkar, 2011